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coupable n’est pas ou ne doit pas être une vengeance : c’est un remède pénible qu’on lui impose, dans l’intérêt de la société et dans le sien. Vers la même époque, le droit athénien faisait prévaloir le principe que la peine doit être personnelle comme la faute. Ainsi saint Paul a fondé la théologie chrétienne sur deux idées archaïques qui étaient déjà condamnées, par les Athéniens éclairés, au IVe siècle avant notre ère, et que personne aujourd’hui n’oserait soutenir, bien que l’édifice qui repose sur elles soit encore debout.

54. Dans la pratique, Paul n’oublie pas qu’il l’adresse à des communautés juives qui comptent déjà beaucoup de païens baptisés. Les fidèles ne doivent pas se tenir à l’écart des païens, mais seulement de leurs sacrifices et de leurs actes impurs ; ils peuvent renoncer aux scrupules alimentaires de la Loi. « Conduisez-vous de sorte que vous ne donniez aucun scandale ni aux Juifs, ni aux Grecs, ni à l’Église de Dieu. » (I Cor., 10, 32.) La vertu qu’il prêche est, en somme, moyenne ; il y a un opportunisme paulinien. Telle est sa théorie sur le mariage : il vaut mieux rester célibataire, mais celui qui se marie fait bien ; une veuve même est autorisée à se remarier, car une union régulière est toujours préférable au désordre (I Cor., 7, 27 et suiv.). Du reste, il ne faut pas oublier que la fin du monde est proche : on doit se conduire comme si elle était imminente (« le temps est court désormais », I Cor., 7, 29). Les théologiens qui citent et commentent saint Paul, comme ceux qui commentent les Évangiles, perdent souvent de vue que ces documents ont été écrits par des hommes