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simplement vêtue comme il sied à une doctrine qui part pour la conquête du monde. C’est la morale de l’école sans l’école, purifiée et comme filtrée dans des âmes ardentes, avec tout le charme et toute la force de persuasion des conceptions populaires. Elle n’est pas. sociale, elle néglige les devoirs de l’homme envers la cité, parce qu’elle tend à la perfection, à la pureté individuelle ; mais elle prépare l’homme à mieux remplir ses devoirs sociaux en condamnant la haine et la violence, en enseignant la fraternité. Il est absurde de dire que cette morale est contre la nature : la bonté l’est aussi. Mais la morale chrétienne n’a été que la règle de conduite, d’ailleurs toujours mal observée, du christianisme ; il était réservé à saint Paul de superposer à cette douce éthique l’âpre doctrine du péché originel, de la rédemption et de la grâce, qui suscitera dix-huit siècles de disputes stériles et pèse encore sur l’humanité comme un cauchemar.

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42. Les Évangiles dits apocryphes se divisent en deux classes : les uns, dits dogmatiques, racontent, comme les Synoptiques, la vie entière de Jésus ; les autres, dits légendaires, n’en traitent que des épisodes. Les premiers, que les Pères de l’Église du IIIe siècle citent souvent au même titre que les canoniques, ont été détruits sans doute intentionnellement, parce qu’ils appartenaient à des sectes dissidentes ; mais on a retrouvé dans un tombeau d’Egypte (1886) une partie de l’Évangile dit de Pierre, comprenant la Passion et