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qui signifie, en araméen, « le fils du père ». Dans les Évangiles, nous voyons Jésus qualifié de roi des juifs, coiffé d’une couronne, vêtu d’un manteau d’écarlate ; on lui met à la main un roseau en guise de sceptre (Mt., 27, 26-31) ; on le traite donc exactement comme un Barabas. Mais alors que signifie l’histoire du séditieux Barabas, du choix laissé à la populace entre Barabas et Jésus ? Il se trouve, par surcroît, qu’Origène, vers 250, lisait, dans un très ancien manuscrit de l’Évangile de Matthieu, que Barabas s’appelait Jésus Barabas. Il résulte de ces rapprochements que Jésus aurait été mis à mort, non de préférence à Barabas, mais en qualité de Barabas. Les Évangélistes n’ont compris ni la cérémonie qu’ils racontaient, ni la nature des honneurs dérisoires rendus à Jésus ; ils ont converti en mythe ce qui devait être un rite. S’il y a, sous leurs récits, un fait historique, il y est si bien enveloppé de légendes, qu’il est devenu impossible de l’en dégager.

37. Une secte chrétienne très ancienne, celle des docètes (du grec dokein, paraître), prétendait que Jésus n’avait été qu’un simulacre, qu’il n’avait pris qu’une apparence de corps, alors, dit saint Jérôme, « que le sang de Jésus n’était pas encore sec en Judée ». C’est donc qu’il y eut des docètes dès le début, et cela est confirmé par l’existence d’une lettre, attribuée à saint Jean, qui est dirigée contre eux, ainsi que par le passage sur l’incrédulité de saint Thomas qui est inséré dans le quatrième Évangile (20, 24). Saint Thomas veut toucher les plaies de Jésus avant de croire à sa réalité et il est blâmé de