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au juste ni quand il était né, ni quand il avait enseigné, ni quand il était mort.

36. Savait-on du moins comment Jésus était mort ? Les récits du jugement et de la passion de Jésus dans les Évangiles inspirent d’abord confiance par leur précision ; mais cette impression ne résiste pas à l’examen. D’abord, ces récits sont tendancieux ; ils cherchent à disculper Pilate et à charger les juifs, ce qui se comprend à une époque où l’Église, tournant le dos à la Synagogue, faisait appel aux païens, mais ne peut répondre à la vérité historique. Le Pilate des Évangiles, qui se laisse conduire par la foule, lui donne le choix entre deux condamnés, Barabas et Jésus, se lave les mains du sang qu’il va faire verser, etc., est un personnage romanesque qui n’a rien du vrai Pilate, du gouverneur « à la russe » que Josèphe nous a fait connaître avec précision. En second lieu, la date de la mort de Jésus, veille de Pâque ou jour de Pâque, est inadmissible ; cette fixation avait pour but évident de rappeler le sacrifice expiatoire de l’agneau pascal. Enfin et surtout, les circonstances de la Passion ressemblent, d’une manière tout à fait suspecte, à des rites usités fort antérieurement dans certaines fêtes. A celle dite des Sacaea, en Babylonie et en Perse, on promenait en triomphe un condamné habillé en roi ; à la fin de la fête, il était dépouillé de ses beaux vêtements, flagellé, pendu ou crucifié. Nous savons par Philon que la populace d’Alexandrie qualifiait de Karabas un de ces rois improvisés, qu’on accablait d’honneurs dérisoires pour le maltraiter ensuite. Mais Karabas n’a de sens ni en araméen, ni en grec : il faut restituer Barabas,