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eillance ».

30. Nous possédons les œuvres considérables de Philon, philosophe juif d’Alexandrie, contemporain de Jésus et qui lui survécut ; il n’a jamais entendu parler de lui ou, du moins, n’en laisse rien paraître, fait que le voisinage de Jérusalem et d’Alexandrie rend bien singulier. 31. Les quelques mots que le Talmud consacre à Jésus posent des problèmes insolubles. Il est dit, notamment, que Rabbi Joshua ben Perahyah s’enfuit à Alexandrie, avec son élève Jésus, pour échapper aux persécutions du roi juif Jannée (103-76 av. J. C) ; à son retour, Jésus fonda une secte de juifs apostats. Il aurait donc existé des disciples de Jésus près d’un siècle avant l’ère chrétienne ! Comment expliquer la naissance d’une pareille légende, si la prédication de Jésus, à l’époque qu’on lui assigne, avait laissé quelques souvenirs précis ?

32. Suétone, parlant des événements de l’an 52, dit que Claude chassa de Rome les juifs, qui se révoltaient sans cesse à l’instigation de Christ (impulsore Chresto). Il peut s’agir d’un juif obscur nommé Chrestus ; même s’il s’agit de Jésus, cette mention rapide ne nous apprend rien.

33. Le premier texte non chrétien sur Jésus est dans les Annales de Tacite (15, 44), à propos de la persécution dite de Néron. L’empereur « infligea de cruels supplices à des hommes haïs pour leurs crimes, que le vulgaire appelait chrétiens. Le Christ, qui leur donna son nom, avait été supplicié sous Tibère par le procurateur, Poncc Pilate. Réprimée pour un temps, cette exécrable superstition refleurit non seulement en