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ni ne boirait plus avec eux que dans le royaume des cieux. » [1] La doctrine du péché et de la justification est également absente de l’enseignement de Jésus dans les Évangiles [2]. L’idée de la rédemption ne paraît que dans des passages interpolés, sous l’influence de la prédication de saint Paul.

25. Les miracles que la tradition évangélique attribue à Jésus sont des exorcismes (expulsions de démons) ou des allégories (la multiplication des pains, la transformation d’eau en vin aux noces de Cana). Le miracle le plus complet, la résurrection de Lazare qui sentait déjà, est lui-même allégorique ; d’ailleurs, il se lit seulement dans saint Jean. S’il y avait eu là un fait réel, même embelli et transformé par la tradition la plus ancienne, il serait inexplicable que les Synoptiques n’en eussent rien dit.

Le miracle de la résurrection de Jésus est raconté, par les Synoptiques, avec des variantes inconciliables. La découverte du tombeau vide est d’autant moins digne de foi que Jésus, s’il a été livré au supplice, a dû être jeté par les soldats romains dans la fosse commune. La fin de Marc (16, 9-20), est, comme nous l’avons vu (p. 325), une addition postérieure, qui manque dans les bons manuscrits. « La tradition suivie par le rédacteur du premier Évangile est celle du Marc authentique, d’après laquelle les apparitions principales ont eu lieu en Galilée, celles que Luc et Jean placent à Jérusalem, le jour de la résurrection, étant

  1. Loisy, Réflexions, p. 90.
  2. Loisy, Évangile et Église, p. 199.