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discours prêté à saint Pierre par les Actes (2, 22), Jésus est seulement un homme divin, que Dieu a ressuscité et qu’il a élevé à sa droite. Enfin, il n’y a pas trace que les juifs aient accusé Jésus de s’être dit Dieu. « C’est seulement dans l’Évangile de Jean que les discours et les miracles du Christ tendent à prouver sa mission surnaturelle, son origine céleste et sa divinité. Cette particularité sert à montrer le caractère théologique et non historique du quatrième Évangile. » [1]

23. Jésus n’a pas désigné Pierre comme le chef de son église, il n’a pas « institué la papauté ». Le passage de Matthieu (16, 18) : « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église... ; je te donnerai les clefs du royaume des cieux, etc. » est une évidente interpolation, faite à une époque où il y avait déjà une Église séparée de la Synagogue. Dans les passages parallèles de Marc (8, 27-32) et de Luc (9, 18-22), il n’y a pas un mot de la primauté de Pierre, fait que Marc, qu’on dit disciple de Pierre, n’aurait pu omettre s’il en avait eu connaissance. L’interpolation est postérieure à la rédaction de l’Évangile de Luc.

24. Jésus n’enseigne aucun dogme, ni rien qui ressemble aux sacrements de l’Église. Baptisé par saint Jean, il ne baptise lui-même personne. Les paroles fameuses : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang » n’appartiennent pas à la tradition primitive sur la dernière Cône. « Jésus a seulement présenté le pain et le vin à ses disciples, en leur disant qu’il ne mangerait

  1. Loisy, Réflexions, p. 155.