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que les renseignements les plus indécis. » [1]

10. Pourquoi seulement quatre Évangiles canoniques ? « Parce que, dit saint Irénée (vers 170), il y a quatre points cardinaux. » La réponse n’est pas sérieuse. Il y avait un très grand nombre d’écrits dits Évangiles ; l’Église a fini par en adopter quatre, dont elle a garanti l’inspiration et la véracité absolue, sans doute parce qu’ils étaient très répandus dans autant d’Églises très influentes, Matthieu à Jérusalem, Marc à Rome ou à Alexandrie, Luc à Antioche, Jean à Éphèse. Quand le canon a été constitué, ces Évangiles étaient trop connus pour qu’on pût en faire abstraction et en tirer un récit unique, au prix de la destruction des sources. Ce récit unique — ce qu’on appelle une harmonie évangéliqueaurait beaucoup facilité la tâche de l’Église, embarrassée de quatre Évangiles soi-disant inspirés qui sont contradictoires et inconciliables. Si donc nous avons quatre Évangiles canoniques, alors que le canon était en formation dès 150, c’est que nos Évangiles sont sensiblement antérieurs à cette date, conséquence qui n’exclut pas, d’ailleurs, l’hypothèse de remaniements plus tardifs.

11. Il est possible de fixer approximativement la date de nos Évangiles dans l’état ils nous sont parvenus. Matthieu, fait prédire à Jésus la ruine de Jérusalem (24, 29-31), aussitôt suivie de l’apparition du Fils de l’Homme dans les nuées ; cela n’a pu être écrit que très peu de temps avant ou après la

  1. Loisy, Quelques réflexions, p. 127