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LES PERSES ET LES IRANIENS

que l’Avesta ne mentionne jamais les Mages ; il appelle les prêtres d’un autre nom plus ancien, Athravans (prêtres du feu). Il y a là peut-être un archaïsme voulu ; peut-être aussi évitait-on le nom des Mages, à cause des fâcheux souvenirs laissés par leur rébellion sous Cambyse (cf. p. 92).

7. Ces prêtres de l’Avesta forment une caste héréditaire, dont les membres sont seuls compétents pour sacrifier ou purifier ; on naissait prêtre, on ne le devenait pas. Ils vivent des revenus du culte, que la loi religieuse stipule avec soin, et aussi des amendes nombreuses qu’ils encaissent en échange de « pénitences ». C’est donc un véritable clergé.

8. L’étude même de l’Avesta prouve que ce livre contient des éléments de dates très diverses, quelques-uns très primitifs, beaucoup d’autres relativement modernes. L’animisme y est fort développé ; le monde entier paraît peuplé de démons, les uns bons, les autres mauvais ; les éléments, les animaux, les plantes, même les ustensiles du culte sont personnifiés. Les âmes des morts sont considérées comme les protectrices des vivants, des anges gardiens (Fravashis). Le totémisme a laissé des souvenirs évidents dans le caractère sacré, attribué à certaines plantes, au taureau, à la vache, au cheval, au chien,- au serpent. Les tabous sont innombrables et les purifications, qui sont destinées à les lever, tiennent une place prépondérante dans le rituel. Le culte est tout imprégné de magie : la plante sacrée, récoltée sur l’Elbruz, fournit la boisson divine, le liquide du sacrifice par excellence (haoma, en sanscrit sôma) ; les prêtres opèrent avec des faisceaux de