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LES ARYAS ET LES INDOUS

Jésus-Christ, le buddhisme trouva un nouveau protecteur dans le roi scythe Kanishka, dont les monnaies, d’inspiration grecque, portent l’image du Buddha. Vers l’an 630, lorsque le pèlerin Hiuen-Tsang, venant de Chine, visita l’Inde, il y trouva le buddhisme en pleine décadence. Des inscriptions attestent qu’il y survécut jusqu’au xiiie siècle ; puis, pour des causes encore obscures, il s’éteignit dans son foyer primitif.

34. Hors de l’Inde, il avait fait une extraordinaire fortune. Passé, vers l’époque de l’ère chrétienne, au Kashmir, puis au Népal, au Tibet, en Chine, en Birmanie, dans le Siam (650), il compte aujourd’hui un demi-milliard de fidèles ; Ceylan, le Siam, la Birmanie, etc., constituent le groupe du sud ; le Népal et le Tibet, la Chine et le Japon le groupe du nord.

35. Partout, en acquérant de la puissance, le buddhisme s’est corrompu, par l’inévitable absorption, consommée d’abord sur le sol de l’Inde, des religions indigènes, par la cupidité et le charlatanisme de ses moines. Relativement fidèle à ses principes en Chine, où la loi civile a sagement mis un frein à la multiplication des couvents et où l’influence du confucianisme a surtout développé le culte des ancêtres, le buddhisme a imposé au Tibet une théocratie monstrueuse, qui met obstacle à toute civilisation, à toute pénétration des idées européennes. Cette forme du buddhisme est le lamaïsme (lama, le supérieur), ainsi nommé des deux papes ou lamas qui gouvernent d’innombrables couvents et tout le pays. La religion primitive du Tibet était extrêmement grossière, avec des conceptions totémiques comme celle du dieu-ciel chevauchant un