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LES ARYAS ET LES INDOUS

diant est le meilleur ; mais un laïc plein de foi et de charité (surtout envers les moines) est « sur le chemin du salut ». Il peut prendre femme, à la différence des moines, et posséder des biens, ce qui leur est interdit ; mais il doit se conformer aux commandements suivants : ne pas tuer (ni homme ni animal), ne pas voler, ne pas mentir, ne pas commettre d’impureté, ne pas boire de vin. Ainsi l’empire sur soi-même et la charité sont les deux clefs de voûte du buddhisme.

30. Gautama, comme Pythagore, prétendait se souvenir de ses incarnations antérieures et les racontait à ses disciples sous forme d’histoires et de fables édifiantes. Ce sont les Jâtakas (histoires de naissance), qu’on a appelées « l’épopée de la transmigration ». Il y a là des choses touchantes et charmantes, l’explication en images de cette fraternité des êtres, de cette solidarité de l’univers que le génie indou avait senties d’instinct et dont le sentiment profond lui fait tant d’honneur[1].

31. Les analogies du buddhisme avec le christianisme ont donné lieu à des hypothèses aventureuses. À vrai dire, les ressemblances des légendes portent sur des épisodes d’un caractère assez banal, comme ceux de la naissance miraculeuse du Buddha, du saint vieillard et des pèlerins venus de loin pour le saluer au berceau. En revanche, le christianisme s’appropria la légende du Buddha et la mit en œuvre dans le conte pieux du moine chrétien Barlaam, qui convertit, en Inde, le fils du roi Josaphat

  1. S. Lévi, Conférences du musée Guimet, 1906, p. 13 et suiv.