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histoire de la révolution russe

de terres ont déjà été occupées de force et les propriétaires évincés. Cette menace de jacquerie est le péril le plus redoutable en 1917, comme il l’était déjà en 1905. La répartition des terres de la Couronne et l’institution de grandes œuvres de crédit et de coopération agricole (les coopératives sont déjà florissantes en Russie) sont les seuls remèdes efficaces que l’on puisse envisager ; quant aux usurpations, elles devront, tôt ou tard, être empêchées manu militari. Il faudra aussi enseigner aux paysans russes la loi des rapports de la population avec les subsistances, et les convaincre que si la population peut s’accroître indéfiniment, il n’en est pas de même des terres cultivables, même dans un Empire aussi vaste que la Russie.


VII. — Guerre ou paix ?


Le Gouvernement provisoire s’était hâté de reconnaître les obligations contractées par le régime déchu et de déclarer qu’il poursuivrait la guerre, suivant la convention du 4 septembre 1914, de concert avec les alliés de la Russie. Toutefois, alors que l’ancien régime avait affirmé que la conquête de Constantinople et des Détroits était un des buts de la guerre, l’idée se fit jour à gauche, dès 1916, qu’il fallait renoncer à des annexions territoriales, que la liberté des Détroits pouvait être sauvegardée autrement (voir p. 52). Le Gouvernement, lié par des conventions dont le texte n’a pas été publié, ne s’est pas prononcé à cet égard ; il n’y a eu que des expressions d’opinions individuelles. Kerensky, d’accord avec Tchkheidze, a adopté la formule d’une paix « sans annexions ni