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histoire de la révolution russe

Peu après (le 8), le Conseil d’Empire refusait de donner suite à l’action intentée par Stürmer contre Milioukov, ce dernier étant couvert par l’immunité parlementaire (qui n’était pas formellement inscrite dans la loi).

En même temps, le bruit se répandait d’une prochaine dissolution de la Douma et d’un coup de force contre les éléments d’opposition. L’Europe occidentale était presque sans nouvelles de Russie ; une atmosphère d’orage pesait sur le pays tout entier.


XXXIV


Le 7 mars, les premières grèves « de la faim » éclatèrent à Pétrograd ; on pilla quelques boulangeries. Le commandant militaire fit savoir que la troupe tirerait sur les manifestants. Comme pour en accroître le nombre, les usines Poutilov furent fermées. La situation empira du 8 au 10 : il y eut grève générale des usines et des transports ; faute d’imprimeurs, les journaux cessèrent de paraître. Une foule immense, encore pacifique, regardait circuler les colonnes de grévistes ; elle se porta en masse devant la cathédrale de Kazan et y écouta des discours très violents, sous l’œil des policiers indifférents en apparence. Tout le monde crut que des policiers déguisés étaient parmi les orateurs les plus excités. Quand la foule se répandit sur la Perspective Nevsky, les cosaques reçurent l’ordre de la disperser ; mais ils passèrent en souriant à travers les groupes, élevant leurs fouets en l’air