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histoire de la révolution russe

rappela que les négociants de cette ville avaient été les premiers à s’élever contre l’idée d’une paix séparée avec l’Allemagne. Le délégué anglais, lord Milner, eut une conversation particulière avec le tsar ; on dit qu’il appela avec insistance, mais inutilement, l’attention du souverain sur les intrigues qui se tramaient autour de lui par les pro-germains. Comme il se croyait, bien à tort, seul maître de la politique étrangère de la Russie, Nicolas II ne pouvait admettre qu’on attribuât à cette politique des objets qu’il ne lui prescrivait pas.

La Douma et le Conseil de l’Empire reprirent enfin leurs séances le 27 février. Dans l’intervalle, un congrès de la noblesse russe, réuni à Moscou, avait voté à l’unanimité une résolution demandant à l’empereur de se conformer aux vœux réitérés de la Douma et du Conseil, relativement aux réformes à introduire et à la formation d’un ministère possédant la confiance du pays (22 février). Peu de jours avant, le tsar avait reçu un mémoire signé de dix-sept noms les plus connus de la haute société russe, concluant à la nécessité d’une collaboration efficace du pouvoir avec les institutions législatives et les organisations populaires, dans l’intérêt suprême de la défense nationale. Du haut en bas de l’échelle, on réitérait sans cesse les mêmes vœux ; mais, tout en haut, on s’abstenait systématiquement d’en faire état.


XXXIII


Le mois de mars 1917, qui devait voir l’éclosion des libertés russes, commença sous de sombres