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histoire de la révolution russe


XXIX


La Douma avait repris séance le 14 novembre. Le président Rodzianko affirma très haut que la Russie ne trahirait pas ses alliés, qu’elle repoussait avec indignation toute idée de paix séparée. Le leader des groupes polonais lut une déclaration protestant contre l’acte des Empires centraux (4 novembre 1916) qui, sous couleur de libérer la Pologne, en confirmait le partage. Une fois de plus, le Gouvernement proclama le principe de la reconstitution de la Pologne entière. Là-dessus, tout le monde paraissait d’accord. Mais le tumulte commença quand Milioukov, l’ancien droitier Pouriskevitch et le comte Wladimir Bobrinsky dénoncèrent les tendances pro-allemandes des ministres. «  Depuis trois ans, dit Pouriskevitch, l’emploi de l’allemand est interdit dans les lieux publics ; je demande pourtant la permission d’en prononcer trois mots : Herr von Stürmer !» Bobrinsky dit qu’il tenait de Protopopov lui-même que son programme de gouvernement comportait l’élimination des organisations non officielles, notamment de ces zemstvos dont l’activité permettait seule de soutenir la guerre. Milioukov lut des extraits de journaux allemands (relatifs aux bruits de paix séparée), où le nom de Stürmer était écrit à côté de celui de l’impératrice ; au nombre des agents « mystérieux et funestes » qui perdaient le pays, il n’hésita pas à nommer Raspoutine. Parlant de la protection accordée par Stürmer à son secrétaire Manouilov, espion et escroc, il dit que cet