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histoire de la révolution russe

truite des affaires, restée liée avec l’actif ambassadeur de la Grande-Bretagne, sir G. Buchanan, elle demanda au tsar de constituer un cabinet responsable et de chasser Raspoutine. Nicolas II refusa. L’impératrice ne se découragea point ; elle vit les grands-ducs et s’assura de leur concours. Nicolas Michaïlovitch porta au tsar un document rédigé par les membres de sa famille, réitérant, sur le ton le plus pressant, les mêmes demandes (15 novembre) ; on suppliait le tsar de remplacer Stürmer par Trepov et d’écarter de la cour les personnages acquis à l’Allemagne, notamment Protopopov. L’entretien dura deux heures ; le tsar paraissait disposé à entendre raison. Mais l’impératrice apprit qu’il se tramait quelque chose et accourut avec ses filles à Mohilev. Quand on lui donna lecture du passage concernant Raspoutine, elle prit le papier et le jeta au feu. C’est peut-être alors que Nicolas Michaïlovitch écrivit au tsar cette lettre qui a été publiée :

« Tu m’as déclaré souvent que tu n’avais confiance en personne et que tu étais constamment trompé. S’il en est ainsi, cela est surtout vrai de ta femme qui t’aime et qui t’induit en erreur, entourée qu’elle est de personnes dominées par l’esprit du mal. »

Au premier rang de ces personnes malfaisantes était la protectrice et la protégée de Raspoutine, la dame d’honneur préférée de la souveraine, Mme Wyroubov.