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histoire de la révolution russe

munitions (30 octobre)[1] ; Bucarest tomba (6 décembre) et les Allemands, avec leurs alliés, occupèrent toute la Valachie avec la Dobroudja. L’armée russe de Moldavie couvrit la retraite de la principale armée roumaine et lui permit de se réorganiser derrière le Danube (fin décembre). Une note officieuse, répondant à des bruits très répandus, démentit que l’armée russe manquât de munitions et nia également que des dissentiments graves se fussent produits entre la Russie et la Roumanie (16 décembre).

Au cours de ces fâcheux événements, si difficilement explicables par des raisons purement militaires, l’opinion russe n’avait pas été moins émue que celle des Alliés. Lorsque Protopopov remplaça Khvostov au ministère de l’Intérieur (1er  octobre), les bruits injurieux qui couraient sur cet intrigant prirent une nouvelle consistance. Une sorte de conjuration patriotique s’ourdit contre lui, sous les auspices de Trepov, auquel on savait gré d’être laborieux et d’avoir achevé, au milieu de difficultés énormes, la voie de Pétrograd à la côte mourmane en mer libre. Cette fois, ce fut la famille impériale elle-même qui intervint. La veuve d’Alexandre III ne voyait presque jamais son fils et était complètement brouillée avec sa belle-fille, à cause de Raspoutine et de sa clique. Au mois d’octobre, elle rencontra Nicolas II à Kiev et eut avec lui un long entretien. Très ins-

  1. Les armes et les munitions envoyées de France et d’Angleterre étaient en abondance ; mais les trains qui les contenaient avaient été poussés sur des voies de garage à Tiraspol, Kiev, Mohilev, etc. Ordre était venu de les arrêter (The New Europe, 1917, p. 63 ; témoignage direct d’un Roumain, dans la Gazette de Lausanne du 7 avril.)