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histoire de la révolution russe

siste (novembre). Trepov, nommé ministre des Communications (31 octobre), passait pour un homme énergique ; toutefois, son passé l’inféodait à la réaction. En 1913, étant gouverneur de Kiev, il s’était acharné contre un groupe de sculpture, placé à l’entrée d’une exposition industrielle, qui représentait un ange penché sur un ouvrier, comme pour le protéger et le bénir. « Pur socialisme ! » s’écria Trepov ; et il fit enlever la figure de l’ouvrier — n’osant toucher à l’ange — pour le remplacer par l’écusson de la ville.

En novembre, la réunion de la Douma fut de nouveau différée. Un congrès des zemstvos et des municipalités devait s’assembler à Moscou : il fut interdit. En revanche, les congrès de la droite à Pétrograd et à Nijni furent autorisés et le ministre de l’Intérieur y envoya des représentants. Comme pour défier la Douma, on y tint les discours les plus violents : le Gouvernement fut invité à supprimer la Constitution, à rétablir l’autocratie intégrale, à museler la presse. Chose plus grave, des hommes qui avaient appartenu au Gouvernement depuis la guerre déplorèrent la politique qui avait conduit à une rupture avec l’Allemagne. Une fois de plus, les tendances germanophiles de l’extrême-droite étaient ouvertement confessées.


XXVI


Des bruits de paix coururent avec insistance en janvier 1916, bien que le tsar, passant en revue les chevaliers de Saint-Georges (le 2), eût affirmé