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histoire de la révolution russe

de la dynastie des Romanov, ne renouvelait aucune de ses promesses libérales de 1905, il se trouva dans cette assemblée cent quarante-six députés contre cent treize pour se plaindre, le 18 juin, des mesures oppressives restées en vigueur, malgré le complet rétablissement de l’ordre, de la discorde entretenue à plaisir entre les diverses nationalités, des obstacles apportés au développement du Gouvernement local. « La Douma attire l’attention du Gouvernement sur ces faits et demande avec insistance que les réformes promises soient exécutées dans un esprit libéral. »

Deux ministres surtout, Stcheglovitov (Justice) et Kasso (Instruction publique), dignement secondés par Sabler (Saint-Synode), accumulaient les illégalités et les dénis de justice. Kokovtsev, plus intelligent et plus honnête, était impuissant à les contenir, car ils disposaient d’appuis puissants en haut lieu.

En présence de ces provocations incessantes, l’effervescence populaire se manifestait non plus par des émeutes, mais par des grèves, souvent politiques plutôt qu’économiques, où les habitants des grandes villes soutenaient les grévistes. De un million cinquante et un mille en 1905 (la première année où les grèves aient été autorisées), le nombre des grévistes était tombé à quarante-six mille six cents en 1910 ; en 1913, il y en eut près d’un million, dont cent mille d’un coup à Pétersbourg (19 novembre). Les délégués des municipalités, réunis en congrès à Kiev (octobre), allaient voter à la presque unanimité une motion très hostile au Gouvernement lorsque le chef de la police ordonna à l’assemblée de se dissoudre. Les octobristes, de plus en plus indépendants, se