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histoire de la révolution russe

un long moment à la merci d’un illuminé vénal. Les pires ennemis de l’autocratie russe n’auraient pu rêver pour elle une fin plus lamentable, une chute plus honteuse : la dynastie de Catherine II et d’Alexandre Ier finissait entre les mains non d’un Potemkine ou d’une Barbara de Krüdner, mais d’un paysan perverti.


XV


L’extrême-droite comptait que les élections pour la quatrième Douma, où la pression gouvernementale, exercée par le ministre de l’Intérieur Makharov, dépassa toute mesure, lui assureraient une énorme majorité. Une bonne moitié des électeurs ne purent prendre part au vote, ayant été convoqués trop tard ; beaucoup de paysans furent invités à voter dans les villes, ce qui les aurait obligés à perdre cinq jours de travail. On savait que les députés de la droite avaient presque tous été nommés par suite d’accords à l’amiable entre les gouverneurs et les évêques[1]. L’événement démentit les prévisions. La Douma se trouva presque impuissante par suite de l’absence d’une majorité. Nombre de députés paysans et même ecclésiastiques, élus comme réactionnaires avec l’appui du gouvernement, passèrent à l’opposition. Les grands caractères, les hommes politiques énergiques et probes se trouvaient, cette fois encore, parmi les cadets, dont le chef était Miliou-

  1. Discours de Roditchev.