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histoire de la révolution russe

marins dans l’armée et la marine ; des agents très bien payés de l’okhrana, à Pétersbourg, appelés « observateurs de l’opinion publique », avaient mission de fréquenter les restaurants, riches et pauvres, pour y épier les conversations. Au besoin, le policier russe se fait assassin et lanceur de bombes. Comme il vit de la répression des crimes politiques, il en organise et en invente pour se faire valoir. L’okhrana forme un État dans l’État, également redouté en haut et en bas de l’échelle sociale. À la suite du meurtre de Stolypine à Kiev (1911), un sénateur fut chargé d’enquêter sur les actes de l’okhrana dans cette ville ; il incrimina un général, un colonel et un lieutenant-colonel ; le Conseil d’Empire autorisa les poursuites, mais elles furent brusquement arrêtées par ordre impérial. En mars 1914, Vladimir Bourtzev énumérait trente-trois actes de terrorisme à la charge de l’agent provocateur Azev, dont le général Gérasimov était le complice ; beaucoup d’attentats dits nihilistes n’ont été que des exploits policiers. Ce régime de l’okhrana est le plus détestable qui ait jamais pesé sur un peuple ; le Golos Moskvy (octobriste) écrivait en février 1913 : « Le jour où la Russie secouera les chaînes de l’okhrana sera celui d’une seconde émancipation du servage. »


XII


Heureusement pour le pays ainsi opprimé, il a commencé son apprentissage politique et trouvé quelque soulagement à ses misères dans la pratique