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histoire de la révolution russe

demanda que le tsar reçût le peuple devant le Palais d’Hiver. Mais le tsar resta à Tsarskoié-Sélo ; les grévistes, pacifiques et sans armes, se dirigèrent en masse vers le palais pour y déposer une pétition. Contre cette foule inoffensive, la troupe fit usage de ses armes ; les cosaques chargèrent avec furie ; il y eut plus de quatre mille victimes (22 janvier). Les ouvriers, exaspérés, se portèrent alors à des violences ; Gapone les enflamma par une proclamation où il disait qu’il n’y avait plus de tsar, que des flots de sang innocent le séparaient désormais du peuple. Les combats dans les rues continuèrent le 23. Le 24, une cohue de vingt mille grévistes se dirigea vers Tsarskoié-Sélo, portant une pétition au tsar ; un régiment d’infanterie et une demi-batterie en firent un carnage. Le général Trepov fut nommé gouverneur de Pétersbourg, avec pleins pouvoirs pour écraser l’insurrection. Le 28, elle avait été noyée dans le sang. Mais des troubles analogues, quoique moins graves, éclatèrent à Moscou, à Varsovie, à Sosnovice. Une véritable jacquerie commença au mois de mars dans le centre et le sud de la Russie, gagna la Livonie et les provinces baltiques, puis le Caucase ; les ouvriers se joignaient aux paysans pour incendier les fabriques et les châteaux. Le 17 février, le grand-duc Serge, oncle du tsar et l’un des piliers de la réaction, était assassiné dans sa voiture à Moscou et le même jour trente mille ouvriers se mettaient de nouveau en grève à Pétersbourg.