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histoire de la révolution russe

existence et à sa grandeur ; le bruit courait que l’amiral Alexeiev et ce qu’on appelait la « coterie des grands-ducs » avaient cherché, sur les confins de la Chine, la satisfaction de leurs intérêts particuliers. Aussi, longtemps avant la paix de Portsmouth, qui, grâce à l’habileté diplomatique de Witte, mit fin sans excès d’humiliation à ce conflit ruineux (5 septembre 1905), le mécontentement de toutes les classes du pays s’était manifesté tant par des attentats individuels que par des révoltes, toujours impitoyablement réprimées.

Le vœu presque universel de la Russie était que la bureaucratie, rendue responsable de ces désastres, fût contrôlée par une assemblée élue de représentants du peuple. Cette idée n’était pas nouvelle, même en Russie ; il y avait eu plusieurs assemblées au XVIIe siècle ; Catherine II, en 1767, en avait convoqué une, qu’elle s’empressa d’ailleurs de dissoudre ; en 1809, en 1825 et à la fin du règne d’Alexandre II, il avait été question d’un Parlement russe. Mais Nicolas II et ses conseillers y étaient hostiles. Il fallut la fermentation générale, l’assassinat du général Bobrikov, gouverneur de Finlande (30 juin 1904) et celui du ministre de l’Intérieur Plehve (29 juillet) pour faire réfléchir le Gouvernement.


III


Le successeur de Plehve, prince Sviatopolk Mirsky (septembre 1904), était un homme de bonne volonté et d’idées modérées. Au mois de novembre,