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ROMANS ET SATIRES.


commentateurs signalent naïvement l’origine des décrets de l’Assemblée nationale sur les ordres monastiques, ne fut publiée que l’an V de la République (1796), trente-six ans après que Diderot avait achevé de l’écrire à la Chevrette. Le Rêve de d’Alembert, écrit en 1769, reste manuscrit plus d’un demi-siècle. Le Supplément au Voyage de Bougainville, composé en 1772, n’a été publié que douze ans après la mort de Diderot. La réfutation du livre d’Helvétius intitulé l’Homme est demeurée inédite jusqu’en 1875. Il ne fallut rien de moins que la chute de la monarchie et l’avènement de la République pour tirer les Essais sur la peinture de l’armoire de fer de Louis XVI, et la révélation des Salons s’échelonne lentement de 1798 à 1857, de Naigeon à Walferdin. Le Paradoxe sur le comédien a vu le jour en 1830 avec les lettres à Sophie Volland, et les lettres à Falconet n’ont paru que l’année suivante. Enfin, Jacques le Fataliste et le Neveu de Rameau ont été publiés en Allemagne avant de l’être en France : Jacques par Schiller qui traduisit, en 1785, pour le journal Thalie l’épisode de Mme de la Pommeraye, et par Mylius qui le traduisit tout entier en 1792, quatre ans avant que le prince Henri de Prusse en donnât le manuscrit à l’Institut réorganisé ; le Neveu de Rameau par Gœthe qui tenait le manuscrit de Schiller, le traduisit « avec toute son âme » et le fit paraître sans succès à Leipzig, chez l’éditeur Gœschen, quarante-trois ans après la composition de l’admirable dialogue et seize ans encore avant la