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DIDEROT.


planches. « On enverra des dessinateurs dans les ateliers ; on prendra l’esquisse des machines et des outils ; on n’omettra rien de ce qui peut les montrer distinctement aux yeux. » Diderot, pendant tout le temps que durera la publication de l’Encyclopédie, reverra lui-même ces deux à trois mille dessins, en corrigera toutes les épreuves, ne permettra à personne d’empiéter sur ce domaine qui est le sien. « Votre unique affaire, écrira-t-il plus tard à l’imprimeur Le Breton, a été de payer les travailleurs que j’occupais et j’aurais trouvé mauvais que vous prissiez un autre soin. » Et l’âme même de Diderot, en effet, anime cette collection de planches, belles par l’exactitude, la clarté et l’intelligence du dessin, mais plus belles encore par la sensation de vie intense qui s’en dégage et qui n’a pas peu contribué à fixer l’attention sur ce monde, jusqu’alors ignoré et dédaigné, du travail. Un Anglais, à la fois politique et philosophe[1], tournant les feuilles de ces volumes, croit y voir défiler devant lui « le panorama splendide de l’activité humaine » ; il en est émerveillé comme à la vue même de la ruche immense qui s’appelle Paris, la première fois qu’il la contempla des hauteurs de Montmartre, et qui est tout simplement « l’un des plus beaux spectacles du globe ».

Le plan général de l’Encyclopédie une fois arrêté, Diderot chercha des collaborateurs. Peu connu du

  1. Morley, Diderot, t. I, p. 190.