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L’ENCYCLOPÉDIE.


d’ailleurs du spectacle des siècles qui se sont écoulés, sans que les hommes se soient aperçus des choses importantes qu’ils avaient sous les yeux ? » L’esprit humain est bizarre : « S’agit-il de découvrir, il se défie de sa force, il s’embarrasse dans les difficultés qu’il se fait, les choses paraissent impossibles à trouver ; sont-elles trouvées, il ne conçoit plus comment il a fallu les chercher si longtemps, et il a pitié de lui-même. » Il a, lui, l’oreille toujours tendue, l’œil toujours ouvert ; il est déjà le voyant qui, dans une lettre à Mlle Volland, devinera le télégraphe électrique. « Qui sait si cet homme-là (le physicien Camus) n’étendra pas un jour la correspondance d’une ville à une autre, d’un endroit à quelques centaines de lieues de cet endroit ? La jolie chose ! il ne s’agirait plus que d’avoir chacun sa boîte ; ces boîtes seraient comme deux petites imprimeries où tout ce qui s’imprimerait dans l’une subitement s’imprimerait dans l’autre. » Aucun obstacle ne lui paraît invincible ; l’homme peut et doit triompher de la nature. Ce doit être l’un des objets principaux de l’Encyclopédie que de préparer ces victoires de la civilisation, d’abord en réhabilitant les arts mécaniques, en dressant ensuite le bilan exact des progrès, déjà accomplis, de l’industrie scientifique. Il passera donc en revue tous les arts sans exception, et, « comme le peu d’habitude qu’on a et d’en écrire et d’en lire rend ces choses difficiles à expliquer d’une manière intelligible », le texte de l’Encyclopédie sera complété par une vaste série de