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DIDEROT.


çaise aura de bien autres assises, elle sera vraiment l’Instauratio Magna qu’avait conçue Bacon, l’apothéose de l’esprit humain.

Le Prospectus de l’Encyclopédie « ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers » parut au mois d’octobre 1750. Après avoir informé le public des origines de l’entreprise, Diderot en établit le double objet. Il s’agit d’abord « de former un arbre généalogique de toutes les sciences et de tous les arts qui marque l’origine de chaque branche de nos connaissances et les liaisons qu’elles ont entre elles et avec la tige commune ». La nature est une, a dit Buffon ; la science est une, ajoute Diderot. Mais, d’autre part, « bien que la nature ne nous offre que des choses particulières, infinies en nombre et sans aucune division fixe ou déterminée ; bien que tout s’y succède par des nuances insensibles », et qu’enfin, « sur cette mer d’objets qui nous environnent », ceux qui paraissent, comme des pointes de rochers, perçant la surface et dominant les autres, « ne doivent cet avantage qu’à des systèmes particuliers et qu’à des conventions vagues » ; s’il a été déjà impossible d’assujettir l’histoire seule de la nature « à une distribution qui embrassât tout », il en sera de même a fortiori pour le sujet beaucoup plus étendu qui est celui de l’Encyclopédie. Il faudra s’en tenir dès lors « à quelque méthode satisfaisante pour les bons esprits qui comprennent ce que la nature des choses comporte ou ne comporte pas ». « Les êtres physiques agissent sur les sens ; l’enten-