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CHAPITRE II

l’encyclopédie


Que devait être l’Encyclopédie ? Qu’a-t-elle été ? Qu’en reste-t-il ?

Un chapitre, l’un des plus considérables qui soient, mais encore et de longtemps inachevé, de l’histoire de l’esprit humain tient dans cette question. Née d’une spéculation de libraires, la masse de l’Encyclopédie domine le siècle ; la Révolution en sort directement, comme le fleuve de la montagne, et le fleuve n’a pas encore achevé de creuser son cours, il est encore loin, très loin de la mer, nul ne sait quand il la rencontrera — et ceci seulement est certain, c’est que, le jour où cette source serait tarie, la terre entière se dessécherait.

Peu d’origines sont plus humbles. Vers 1745, quelques libraires, parmi lesquels Le Breton, imprimeur de l’Almanach Royal, et Briassou, reçoivent la visite de deux étrangers, l’Anglais Mills et l’Alle-