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PHILOSOPHIE.


méditations, celle de l’instruction publique, et lui a inspiré l’un de ses plus étonnants morceaux. C’est le Plan d’une université pour le gouvernement de Russie, qui lui avait été demandé par l’Impératrice Catherine et dont les vues profondes, qui émerveillaient Guizot, sont restées audacieuses pendant plus d’un siècle. À la première page, une violente diatribe contre l’esprit du clergé catholique qui, « s’étant emparé de tous temps de l’instruction publique, est entièrement opposé aux progrès des lumières et de la raison que tout favorise dans les pays protestants ». C’est donc en Angleterre et en Allemagne qu’il faut chercher les modèles, les plus sages institutions pour l’instruction de la jeunesse. D’abord, les petites écoles, les écoles à lire, à écrire et à compter :


Dans les pays protestants, il n’y a point de village, quelque chétif qu’il soit, qui n’ait son maître d’école, et point de villageois, de quelque classe qu’il soit, qui ne fréquente l’école. La noblesse allemande dit que cela rend le paysan chicaneur et processif ; les lettrés disent que cela est cause que tout cultivateur un peu à son aise, au lieu de laisser son fils à sa charrue, veut en faire un savant. Peut-être le grief de la noblesse se réduit-il à dire qu’un paysan qui sait lire et écrire est plus malaisé à opprimer qu’un autre ; quant au second grief, c’est au législateur à faire en sorte que la profession de cultivateur soit assez tranquille et estimée pour n’être pas abandonnée.


On apprend dans les écoles le catéchisme, c’est-à-dire les premiers principes de la religion ; il serait à désirer « qu’on eût aussi des catéchismes de morale et de politique, c’est-à-dire des livrets où les pre-