Page:Reinach - Diderot, 1894.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DIDEROT




CHAPITRE I

denis diderot

Quand on a beaucoup et longtemps pratiqué Diderot, subi, puis discuté, sa séduction, bu à la coupe pleine de sa pensée, puis pesé ses systèmes, si l’on cherche alors à dégager le caractère dominant de ce génie, le plus chaud, sinon le plus clair de son siècle, et celui de tous qui a le plus remué d’idées, le mieux c’est de s’arrêter tout de suite à la formule de Voltaire le jour où il l’appela Pantophile.

En effet, il a tout aimé, et ayant tout aimé, dans le domaine de l’esprit comme dans celui de la nature, il a porté dans l’étude et dans la propagande de toutes choses la conviction persuasive que l’amour seul peut donner. Il parle lui-même, quelque part, de « cet air vif, ardent et fou » qu’il avait, étant jeune homme, quand il entrait dans la librairie de