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LES SALONS.


tirer des enthousiasmes de Diderot : quel régal pour ses abonnés que de leur servir, à peine défraîchies par la transcription sur le papier, ses éblouissantes causeries ! Il n’abdiquerait pas d’ailleurs tout contrôle sur les improvisations de son collaborateur. Après avoir deviné en lui cette vocation nouvelle, il s’appliquerait à le conduire, guide excellent qui, s’il manquait du tempérament de l’artiste, avait du moins une notion très élevée de l’art. Aussi bien Diderot l’a-t-il reconnu lui-même : « Si j’ai quelques notions réfléchies de la peinture et de la sculpture, écrit-il à Grimm, c’est à vous que je le dois ». Les notions brillantes, mais confuses et désordonnées, qu’avait Diderot ne devinrent, en effet, réfléchies que sous la férule de « Tyran-le-Blanc ». Sans ce Jean-Baptiste de la critique d’art, il n’eût écrit que l’article tout dogmatique de l’Encyclopédie sur le Beau ; mais il n’eût pas réussi à dégager d’une fumée épaisse, quoique déjà pleine d’éclairs, les vives lumières qui illuminent ses discours sur la peinture.

C’est donc à Grimm que nous devons les Salons de Diderot, c’est-à-dire, d’abord, une lecture qui restera, aussi longtemps que la langue française, l’une des plus captivantes qui soient, parce qu’elle promène l’esprit, l’instruisant et le divertissant tour à tour, à travers une variété infinie de sujets, et qu’elle stimule en lui, par une floraison de pensées et d’images, un afflux toujours nouveau d’idées et de sensations. Les jouissances que nous deman-