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Le mariage avec la mer [1].

Les traditions grecques relatives aux guerres médiques nous ont conservé. du grand roi Xerxès, deux images différentes ou, pour mieux dire, inconciliables. L’une est celle d’un prince prudent et avisé, constant dans ses amitiés comme dans ses haines, qui poursuit pendant quatre ans les préparatifs commencés par Darius contre la Grèce, s’assure des concours, noue des alliances et ne se met en campagne qu’après avoir établi son autorité en Égypte. L’autre image est celle d’un despote voluptueux et brutal, d’un fou couronné, qui institue un prix pour qui trouvera une jouissance nouvelle et pousse l’extravagance jusqu’à vouloir châtier la nature lorsqu’elle oppose des obstacles à ses caprices. Ce second Xerxès est celui des rhéteurs ; mais il est aussi, par endroits, celui d’Hérodote, comme dans le célèbre passage du livre VII relatif an châtiment de l’Hellespont.

Au printemps de 480[2], Xerxès avait ordonné de construire des ponts sur le détroit, afin de faciliter le passage de son armée d’Asie en Europe. Les Phéniciens et les Égyptiens établirent deux ponts de bateaux, qui ne résistèrent pas à une violente tempête. À cette nouvelle, Xerxès fut saisi de colère ; il ordonna de frapper l’Hellespont de trois cents coups de fouet et de jeter dans la mer une paire d’entraves. « J’ai entendu dire, ajoute Hérodote, qu’il envoya en même temps des exécuteurs chargés de marquer les eaux de l’Hellespont au fer rouge. Il commanda à ceux qui fouettaient les eaux de

  1. [Revue archéologique, 1905, II, p. I-14.].
  2. Busolt. Griechische Geschichte, t. II, p. 62.