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LE CHEVAL SAUVAGE.

dans l’incertitude sur les intentions des arrivants : ils échangèrent avec les Mexicains des appels et des salutations amicales, et leurs chevaux hennirent en signe d’assurance.

En ce moment, les éclairs nous vinrent en aide. Nous vîmes avec effroi que l’ennemi avait reçu un renfort d’au moins trente hommes.

Vers minuit, l’orage cessa tout à fait. Une lumière plus douce, plus constante, succéda aux lueurs sinistres et intermittentes de l’éclair : la lune s’était levée et montait rapidement dans le ciel à l’orient. Quelques étoiles scintillaient à travers les nuages qui ne s’étaient pas dissipés, mais roulaient avec plus de vitesse.

Nous étions couchés à plat dans les broussailles. Les cavaliers ne pouvaient nous apercevoir, tandis que nous distinguions parfaitement toute la troupe qui avait fait halte, les uns fumant, les autres causant, d’autres chantant.

Après que nous les eûmes observés pendant quelque temps en silence, Garey me quitta pour explorer le plateau et pour surveiller la prairie du côté d’où nous attendions du secours.

Il était à peine parti depuis deux minutes qu’une forme sombre attira mon attention vers la plaine. Il me sembla que c’était un homme couché sur le sol et se cachant dans l’herbe, exactement comme avait fait le vieux Ruben. Pendant quelque temps un nuage assombrit la plaine en la couvrant d’un voile noir ; mais, quand le nuage fut passé, la figure étrange n’était plus où je l’avais vue d’abord. Elle s’était rapprochée des cavaliers, tout en gardant la même attitude qu’auparavant. Elle n’était plus qu’à deux cents pas des Mexicains ; mais un buisson de hautes herbes paraissait la dérober à leurs yeux. Au bout de quelque temps, cette vision, dans laquelle je finis par recon-