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Perdue. Les Apaches, ainsi entourés, n’auront même pas la ressource de la fuite, et nous les prendrons comme dans une souricière. » Tout le monde applaudit au petit discours du major, et le colonel, ravi d’avoir obtenu ce que, secrètement, il avait désiré, se chargea de la conclusion.

« Il importe dès maintenant, dit-il, que nous ne fassions pas un pas de plus. D’ailleurs, les quelques heures de repos que nous allons prendre doubleront la force de nos hommes et de nos chevaux. »

Henry lui-même, malgré sa hâte, plus grande encore que celle des autres, on le comprend, se rendit à d’aussi bonnes raisons.

Sur l’ordre du colonel, les officiers vinrent aussitôt, au galop de leurs montures, se grouper à quelque distance en avant du front des troupes. Chaque chef d’escadron reçut les instructions nécessaires, et le régiment des lanciers de Zacatecas se déploya en un demi-cercle dont le rayon devait s’amoindrir à mesure qu’on se rapprocherait de la Montagne-Perdue.

Le mouvement devait commencer à s’effectuer à la nuit tombante.

D’après les évaluations d’Henry Tresillian, interrogé par le colonel Requenes, il était permis, nous l’avons dit, de porter à cinq cents environ le nombre des Coyoteros. En cas de retour de l’expédition partie pour les établissements de l’Horcasitas, retour qui avait pu s’effectuer depuis son départ, il pouvait y avoir de six à sept cents sauvages au pied de la montagne.

Nombre égal de part et d’autre, donc victoire sûre, complète même, surtout si les hôtes du plateau pouvaient prendre part à la bataille et décimer, d’en haut, la masse des sauvages, que lanciers et peones allaient bientôt enfermer dans un cercle de fer et refouler, la lance et le sabre dans les reins, jusqu’au pied du ravin.

Dans les rangs des soldats mexicains et parmi les peones de don Juliano, ce fut avec une sorte de fièvre qu’on attendit les ombres de la nuit.