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mercie. Votre père, señor, doit être fier, et à bon droit, d’avoir un tel fils. Maintenant, ajouta-t-il en s’adressant à Juliano, réunissez deux cents de vos plus solides peones, et rejoignons-nous tous, au lever du jour, en dehors d’Arispe.

— Comptez sur moi, » dit don Juliano Romero.

Et il s’éloigna d’un pas rapide.

L’hacienda qu’il exploitait se trouvait à une certaine distance de la ville, et, pour réunir ses hommes à l’heure indiquée, il lui fallait faire diligence.

Le colonel, quand l’haciendero eut disparu, fit mander l’officier de garde et lui donna l’ordre de rassembler, aussi promptement que possible, l’état-major du régiment des lanciers de Zacatecas.

Ce ne fut ni difficile ni long.

Le bruit de l’arrivée du jeune Anglais s’était bientôt répandu dans la ville, et faisait l’objet de toutes les conversations.

Cette apparition du jeune messager sur un cheval à moitié fourbu fit travailler les imaginations, et, comme cela arrive fréquemment, on avait deviné à peu près juste. Le nom de la Montagne-Perdue avait même circulé dans la foule, et, avec la rapidité d’une traînée de poudre allumée, la nouvelle s’ôtait répandue que la caravane de Villanneva et de Tresillian se trouvait presque à la merci des sauvages si, à cette heure, elle n’était pas en leur pouvoir.

Le cri : « Les Indiens ! les Indiens ! » répété, de proche en proche, se répandit par toute la ville, et quand sonna, dans tous les carrefours d’Arispe, la trompette des lanciers de Zacatecas, nul n’ignorait que le régiment allait se lancer dans le désert.

D’aucuns même s’imaginaient, en présence du tumulte, que les Apaches menaçaient la ville.

Nul ne reposa, cette nuit-là, dans Arispe, et quand, dès les premières lueurs du matin, les lanciers du colonel Requenes s’ébranlèrent sur la grande place, le jeune Tresillian en tête, aux côtés du colonel, ce furent des acclamations à n’en plus finir.

Tous les escadrons, admirablement armés, montés et équipés, défilèrent devant leur chef, avant d’entreprendre leur longue route dans le désert. Puis les bagages suivirent : chariots chargés de vivres, d’eau et de fourrages, voitures d’ambulance pour les blessés.

À une certaine distance d’Arispe, don Juliano Romero et ses deux cents peones, dans leurs pittoresques costumes de vaqueros et de rancheros, rejoignirent la colonne des soldats réguliers au milieu de laquelle roulaient quelques pièces d’artillerie.

L’haciendero prit la tête de la colonne, en compagnie du colonel Requenes, d’Henry Tresillian, qu’une nuit bien employée semblait avoir remis de ses fatigues, et des principaux officiers du régiment, et toute la troupe s’ébranla, d’un bon pas, dans la direction de la Montagne-Perdue.