Page:Reid - Aventures de terre et de mer, Hetzel, 1891.djvu/76

Cette page n’a pas encore été corrigée

chefs de la tribu viennent avec moi et se présentent au colonel Saint-Aure. Je suis sûr qu’il n’y a pas un d’entre eux qui ne puisse s’entendre avec lui sur les bases d’un arrangement amiable. Quant à leur vie, j’en réponds, et, quoique je ne sois pas le chef du détachement qui m’attend au ruisseau de Hominy, sous les ordres du lieutenant Van Dyck, je puis dire… »

Armetrong fut interrompu par un cri de fureur de Mac Diarmid.

« Van Dyck !… Cornélius Van Dyck près d’ici !… » dit-il.

Certes, Frank Armstrong ne se doutait guère, en prononçant ce nom, presque sans y songer, à quel point il allait contre son but !

Il fut stupéfait de l’expression farouche qui remplaça tout à coup sur le visage de Mac Diarmid l’attention froide, quoique un peu ironique, que le Chef au bracelet d’or avait, jusqu’à ce moment, apportée à la discussion.

Au surplus, il n’eut pas le temps de demander l’explication de ce changement. Des cris sauvages venaient d’éclater autour de la tente.

« Tenez, les voilà qui réclament leur proie ! dit Mac Diarmid. Vous voyez comme ils vont être disposés à vous entendre. La première chose à faire est de vous mettre, au moins provisoirement, en sûreté, et le seul moyen est de chercher asile dans le teepee sacré. Venez avec moi, Armstrong. Vous n’avez rien à craindre en ma compagnie, je l’espère tout au moins, et il vaut mieux se montrer à ces braillards qu’avoir l’air de s’enfermer ici. »

Sans un instant d’hésitation, Armstrong suivit son ami qui soulevait déjà la portière de la tente, et tous deux se dirigèrent vers le teepee sacré.


CHAPITRE XIV
OÙ PEUT CONDUIRE LA MANIE DE L’INFORMATION


Le camp des Dakotas était en ce moment dans un état d’agitation extraordinaire.

Des hommes ardents couraient de hutte en hutte, répandant la nouvelle de l’arrivée des étrangers, la présentant comme un outrage, excitant les haines, avivant les fureurs. D’autres s’étaient joints aux femmes, qui entouraient la case de Mac Diarmid et réclamaient à grands cris l’officier à la face pâle. De tous côtés des groupes irrités et menaçants s’étaient formés.

Toutefois, l’autorité morale du Chef au bracelet d’or était déjà si grande, que personne n’osa toucher à l’ami qu’il prenait sous sa protection.

En le voyant paraître, la main posée sur l’épaule d’Armstrong qui marchait auprès de lui, les cris mêmes s’apaisèrent. La foule s’ouvrit sur son passage et le suivit avec curiosité vers la tente sacrée.

Il fut surpris d’y trouver trois autres réfugiés, et, quand Armstrong les lui eut présentés comme ses compagnons, sans même chercher à cacher la véritable identité de Meagher, Mac Diarmid ne dissimula pas que leur nombre était un danger et une difficulté de plus.

« Je vais faire l’impossible pour vous sauver, dit-il en les quittant, mais j’ai bien peu d’espoir… »

Pour le moment les quatre blancs étaient en sûreté, comme Charley l’avait prévu. Pas un Indien ne se fût hasardé, dans cette enceinte, dans ce lieu d’asile vénéré, à lever la main sur eux.

Mais un cordon de sentinelles vigilantes