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Les deux ours, emportés par leur élan… (Page 50.)


seul point du monde d’où ils puissent nous venir. Il le faut. Il faut que l’un de nous parvienne à se dérober aux regards des sentinelles apaches et à forcer l’entrée du ravin. Celui qui tentera l’aventure a quatre-vingt-dix chances sur cent d’y succomber. J’ajoute que, grâce à ma connaissance du pays et des dialectes indiens, j’ai le droit de réclamer cette mission, et je ne céderai à aucun autre l’honneur de l’affronter, si ma proposition est agréée par don Estevan. »

Celui-ci se leva, et, après avoir péremptoirement repoussé l’offre du gambusino, dont l’absence, dont la perte eût été trop préjudiciable à tous, il déclara que la tentative était cependant à faire et sans retard.

« Señores, dit-il, mon beau-frère, le colonel Requenes, commande, vous le savez, à Arispe le régiment des lanciers de Zacatecas, et Pedro Vicente a tout à fait raison : il faut que l’un de nous, ou mieux encore deux de nous, se dévouent pour essayer de l’avertir et de le guider jusqu’ici, avec ses escadrons. »

Henry Tresillian s’avança dans le cercle, et, d’une voix résolue :

« Je suis prêt à partir, » dit-il.

À ces mots, une vive rougeur colora le doux visage de Gertrudès. Était-ce admiration du courage d’Henry Tresillian, ou crainte de voir sa proposition acceptée ? Sans doute, les deux sentiments se confondaient en un seul.

Don Estevan refusa l’offre du jeune homme,