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Le gambusino épaula son fusil. (Page 44.)


mètres, en droite ligne, du bord de la montagne qui regardait le camp des Apaches. Celle-ci présentait de là, jusqu’à la plaine, un plan légèrement incliné mais lisse, comme une immense plaque de métal. Du haut en bas, tout était à peu près nu ; c’était l’aridité même du roc sans fissure. Au bord supérieur seulement, dans une crevasse où s’était entassée quelque terre végétale, un arbre avait poussé, penché sur le vide, et dont la maîtresse branche, à six pieds de hauteur, était très capable de supporter le poids d’un homme.

Lorsque tous les chasseurs se furent mis hors de l’atteinte des deux terribles fauves, dans les arbres où ils restèrent immobiles, le gambusino, les deux canons de son fusil chargés, s’avança à pas mesurés vers les monstrueux animaux.

Tous les yeux, comme on peut le croire, étaient braqués sur le hardi chasseur qui, évidemment, risquait sa vie pour accomplir on ne savait quel exploit.

Les deux grisons, toujours debout sur leurs pattes de derrière, semblaient eux-mêmes confondus par tant d’audace, et marchaient à petits pas, à reculons, tout en poussant de sourds grognements de colère, et en allongeant démesurément leurs impitoyables griffes.

Pedro Yicente avançait, toujours calme et à pas comptés. Arrivé à une cinquantaine de pas des grisons, il se mit à les injurier, et à