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On eût cru voir des fourmis sur une fourmilière. (Page 23.)


centuée. Sans doute, il partageait la douleur de ce maître qu’il aimait tant !

« Que notre dernier adieu soit un baiser, » dit Henry en posant ses lèvres sur le museau soyeux de Crusader.

Puis, il s’éloigna à grands pas en s’efforçant de dominer son émotion.

Les mineurs étaient hors de vue quand Henry Tresillian s’engagea dans le ravin, il s’agissait de ne pas perdre de temps ; mais le jeune Anglais n’avait pas fait cent pas, qu’il se retournait brusquement en prêtant l’oreille. Il entendait le galop d’un cheval. Serait-ce un Indien solitaire ? Non, c’était Crusader qui essayait de rejoindre son maître. Arrivé au bas de la montagne, le brave cheval tenta de l’escalader. Tous ses efforts furent inutiles. Chaque fois qu’il posait ses pieds de devant sur cette pente raide, les pierres roulaient sous lui, et il retombait sur les jarrets. Il recommença à plusieurs reprises sans plus de succès, et toutes ses tentatives étaient accompagnées de cris plaintifs qui perçaient le cœur d’Henry Tresillian.

Le jeune homme poursuivit vivement son ascension pour échapper à ce supplice, mais il s’arrêta à mi-côte pour jeter un dernier coup d’œil sur son fidèle ami. Crusader était immobile à la même place ; il avait renoncé à suivre son jeune maître, et faisait entendre à de courts intervalles un hennissement mélancolique, interprète de sa déconvenue et de son désespoir.