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Après ce repas homérique, ils se mirent à fumer. (Page 18.)


Pedro était un des plus excités. Toute sa fortune dépendait de la réussite de l’exploitation de la mine qu’il avait découverte, et il la voyait subitement compromise ; car, lors même que les mineurs échapperaient à la mort, leurs machines les plus coûteuses seraient détruites par leurs ennemis, et qui pouvait savoir si la maison Villanneva et Tresillian pourrait supporter ce désastre ? Cette perspective, ajoutée au souvenir de ce que Pedro avait déjà souffert des Apaches, les lui faisait maudire en termes énergiques. Il ne regrettait pas particulièrement sa monture, qui n’était pas exceptionnellement remarquable, et il s’apprêta enfin à partir.Tous ses camarades étaient déjà loin de la prairie, à l’exception d’Henry Tresillian. Celui-ci ne pouvait se décider à quitter Crusader. Debout, à côté de son cheval, il passait doucement sa main sur son poil lustré. Des larmes de rage roulaient dans ses yeux. Hélas ! c’était la dernière fois qu’il le caressait, et jamais il ne le reverrait !

Le noble animal semblait comprendre son maître : il le regardait de son grand regard intelligent, et poussait des gémissements sourds.

« Mon beau Crusader, murmurait le jeune Anglais, mon pauvre ami, dire qu’il faut t’abandonner, et que tu deviendras la proie d’un misérable Peau-Rouge !… Oh ! c’est dur, bien dur !… »

Crusader répondit par une plainte plus ac-