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Je restai quelques instants immobile. (Page 62.)


l’eau en abondance. Je pouvais pourtant nettoyer un de mes souliers, et je pensai qu’il valait mieux sacrifier un peu d’eau pour le laver que d’en perdre une grande quantité chaque fois que je voulais boire. J’allais mettre cette idée en pratique, quand j’en conçus une bien meilleure : c’était de faire un gobelet avec un morceau de drap. Celui-ci semblait imperméable ; l’eau qui s’écoulait de la futaille restait sur ma couche sans passer à travers, si bien qu’il me fallait la secouer au loin toutes les fois qu’elle était mouillée. Un morceau de drap, taillé en forme de coupe, devait donc probablement remplir mon but ; je résolus d’essayer. J’en coupai une large bande avec mon couteau ; je la contournai plusieurs fois sur elle-même en forme d’entonnoir dont je fermai la pointe en l’entourant d’un bout de lacet de bottine, et j’obtins de la sorte un gobelet qui me rendit autant de services qu’un vase de verre ou de porcelaine. À partir de ce jour, je pus boire plus à mon aise et sans crainte de gaspiller le précieux liquide dont ma vie dépendait.

J’avais mangé tant de biscuits à déjeuner que je me proposais de ne plus rien prendre jusqu’au lendemain ; mais la faim me fit abandonner cette bonne résolution. Vers le milieu du jour, je me surpris à fouiller dans ma caisse dont je retirai un biscuit. Je me promis toutefois de n’en manger que la moi-