Page:Reid - Aventures de terre et de mer, Hetzel, 1891.djvu/627

Cette page n’a pas encore été corrigée

J’appelai ! je criai ! ( Page 36.)


dais toujours la fin de cette nuit interminable ; mais je n’apercevais pas encore le moindre rayon de lumière.

Bientôt je commençai à croire que j’étais le jouet d’une illusion qui me faisait prendre les minutes pour des heures. S’il n’en était pas ainsi, cependant, il fallait que je fusse doué d’un appétit bien étrange, car trois fois j’avais dû recourir à mes provisions, au point de les épuiser presque entièrement. À la fin tout bruit cessa, je n’entendis plus rien pendant plusieurs heures, et je me rendormis dans cet intervalle de silence presque absolu.

J’étais à peine éveillé, que mon oreille perçut de nouveaux sons bien différents de ceux qui avaient précédé. C’étaient pour moi des sons joyeux : car je reconnus le cric-cric-cric du cabestan joint au crac-crac-crac de la grosse chaîne. Si affaiblis qu’ils fussent par la distance, je les entendais encore d’une façon assez nette pour savoir ce qui se passait sur le pont. On levait l’ancre. Nous allions mettre à la voile !

J’eus de la peine à retenir un cri de joie. Cependant je me contins dans la crainte d’être entendu. Le moment n’était pas encore venu de me montrer ; on m’aurait arraché de ma retraite et envoyé promener sans cérémonie. Je restai donc immobile, écoutant le grincement de la chaîne sur l’anneau de fer de l’écubier.

Bientôt le cabestan devint muet à son tour ;