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Pas une voile à l’horizon. ( Page 14.)


surface de l’eau, à marée basse. Les vagues la recouvraient à marée haute, et on n’apercevait plus alors qu’une perche assez mince, s’élevant de quelques pieds au-dessus de la mer, et terminée à son extrémité libre par une masse de forme arrondie. Naturellement ce signal avait été planté là pour indiquer l’écueil aux sloops et autres petits navires qui naviguaient dans notre baie, afin de les soustraire aux dangers d’un naufrage.

C’est seulement à marée basse que l’îlot s’apercevait du rivage ; il paraissait en général d’un noir de jais, mais parfois il était aussi blanc que s’il eût été couvert d’un pied de neige. Je savais à quoi attribuer ce changement de couleur ; je savais que ce manteau blanc n’était ni plus ni moins qu’une bande innombrable de magnifiques oiseaux de mer qui s’abattaient sur les rochers, soit pour s’y reposer, soit pour y chercher les crustacés ou le fretin abandonnés par le reflux.

Or, cet îlot m’inspirait depuis longtemps le plus vif intérêt, à cause de son éloignement et de son isolement sans doute, mais surtout à cause des oiseaux qui s’y assemblaient en bien plus grand nombre que partout ailleurs. Ils semblaient vraiment affectionner ces roches, car, dès que la mer commençait à se retirer, je les voyais accourir de tous côtés, planer autour de la perche, puis se poser sur les rochers noirs qui disparaissaient bientôt sous leur blanc plumage.