Page:Reid - Aventures de terre et de mer, Hetzel, 1891.djvu/571

Cette page n’a pas encore été corrigée

Autour des flammes on voyait se mouvoir des formes humaines. (Page 76.)


son cou pour pouvoir, en le tendant, atteindre tout ce qui passerait ; puis il avança sa tête de maison en maison, jusqu’à ce qu’il ne restât pas un homme, une femme ou un enfant. Il mangea le chef du kraal, sans plus de façon qu’un autre. Quant aux enfants, il en avalait huit ou dix à la fois, comme vous avez vu le mangeur de fourmis rafler les tocandeiras. Quelques hommes et quelques femmes essayèrent de se sauver, mais ce fut inutile. Quand ils s’efforçaient de grimper sur le corps du serpent, le vieux diable se secouait et les envoyait par terre où il voulait.

— Mais vous, Mozey, comment avez-vous pu vous échapper ?

— Oh ! c’est un excellent tour ! Comme je vous l’ai dit, je n’étais alors qu’un petit drôle de dix ans. J’étais employé dans la maison du chef que nous appelions un palais. Bien ! juste quand je vis cette grande bouche ouverte, cherchant de place en place et avalant tout le monde, je compris qu’il était inutile de se cacher dans la maison. Il y avait une grande perche qui s’élevait juste en face du palais, avec un drapeau flottant au bout. Quand les autres couraient de tous les côtés, je grimpai après la perche, et je roulai le drapeau autour de moi, de façon à me cacher. Quand le diable des forêts eut fait table rase de tout le kraal, il ne songea pas un instant à regarder en haut de la perche. L’enfant resta dans sa cachette jusqu’à ce qu’il eût vu le serpent détacher son