Page:Reid - Aventures de terre et de mer, Hetzel, 1891.djvu/555

Cette page n’a pas encore été corrigée

L’eau retombait en pluie sur le bois. (Page 52.)


élevée et s’y installa. Alors, enroulant deux ou trois fois sa queue au tour de son corps et cachant son museau dans la longue fourrure de sa poitrine, il donna le spectacle d’un talmandua profondément endormi.

Probablement, avant de se laisser aller aux douceurs du repos, le talmandua s’était bien assuré que les tocandeiras ne pourraient lui échapper. En effet, le seul refuge étant l’eau, ils n’auraient fui un danger que pour tomber dans un autre. Il se trompait.

Le proverbe : « Il y a loin entre la coupe et les lèvres, » se trouve aussi vrai pour les ours à fourmis que pour les hommes. Lorsque l’animal, se réveillant après un somme de dix minutes, regarda le bois mort pour s’assurer que son garde-manger était toujours plein, il ne fut pas peu étonné de ne pas apercevoir un seul tocandeira ! La surprise du lecteur sera peut-être aussi grande, surtout en apprenant que les insectes ne s’étaient pas réfugiés dans leur domicile, dans le creux de la bûche, lequel était maintenant plein d’eau, et qu’ils n’avaient pas davantage grimpé dans l’arbre voisin dont ils restaient toujours séparés par une traversée infranchissable pour eux.

Quand ils avaient été abandonnés par le talmandua, ils fourmillaient encore par myriades innombrables. La rafle faite par la langue de leur ennemi marquait à peine sur leur nombre prodigieux, et ils circulaient en apparence aussi serrés et nombreux qu’aupa-