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CHAPITRE II
Le galatea. — Sur le Solimoès. — Le galatea est échoué. — Les pots de singe. — Le gapo.


Par une soirée du commencement de décembre 18.., un canot de singulière construction descendait le Solimoès, et semblait se diriger vers le petit port portugais de Coary, qui se trouve sur le côté sud de la rivière.

C’était un galatea, ou large barque, ayant voiles et mâts, avec une cabine ou toit en feuilles de palmier, appelé toldo. Un pont bas, sorte de caisson, courait de l’avant jusqu’au milieu du vaisseau sur lequel se tenaient debout ou assis des hommes à peau noire. Au lieu de rames, ils se servaient d’une pagaie attachée à une grande perche.

Ce que l’on eût trouvé de plu6 étrange dans cette embarcation, c’eût été peut-être le groupe d’êtres animés qui constituaient l’équipage et les passagers. L’équipage se composait d’hommes noirs, à peine habillés, puisqu’un pantalon de coton blanc suffisait au costume de chacun d’eux.

On comptait parmi les passagers deux hommes blancs. Le troisième, à son visage de suie, ne pouvait être qu’un nègre africain.

Il y avait encore trois autres passagers plus jeunes, dont deux garçons à peu près du même âge, et une jolie fillette à la peau brune et aux cheveux noirs comme l’aile d’un corbeau.

L’un des hommes blancs était le propriétaire du galatea et le commandant de l’équipage, Ralph Trevaniow.

La jeune personne était sa fille et portait le nom de sa mère péruvienne : « Rosa, » dont, par diminutif affectueux, on faisait « Rosita. »

Le plus jeune des garçons, brun aussi, était son fils Ralph ; l’aîné, à la figure saxonne, aux cheveux blonds et aux yeux bleus, était son neveu, et portait le nom de son père, Richard.

Le second homme blanc se distinguait, par un nez de chien, une quantité de cheveux bouclés de la plus claire couleur de carotte, et un éternel clignement d’yeux, il répondait au nom de « Tipperary Tom. »

Le nègre n’avait rien de particulier, et représentait le type pur de son pays : la Mozambique, et pour ce motif, on ne le connaissait que sous le nom de Mozey.

Lui et l’Irlandais servaient le mineur depuis son établissement parmi les rocs de Cerro Pasco.

Les autres créatures du royaume animal qui se pressaient sur le radeau étaient de formes, de grandeurs et d’espèces variées. Elles se composaient de quadrupèdes, d’oiseaux, bêtes des champs, singes des forêts, volatiles de l’air, groupés sur le toit de la cabine, accroupis dans la cale, ou perchés sur le passavant.

Sur la vergue, autour du mât, on aurait pu remarquer une petite ménagerie, telle qu’on en voit sur presque tous les radeaux qui naviguent sur la puissante Amazone.

Il n’entre pas dans notre but de décrire l’équipage du galatea. Il nous suffira de dire qu’il se composait de neuf personnes, distribuées par quatre de chaque côté de l’embarcation, et agissant comme pagayeurs. Le neuvième individu servait de pilote et se tenait à l’arrière. Cet équipage n’était que provisoire ; il avait été pris par le galatea au port d’Ega pour le quitter à Coary, où un autre, composé d’indiens civilisés ou Tapuyos, devait être nécessaire.

Malheureusement, en arrivant à Coary, on ne put trouver un seul Tapuyo. Tous les hommes étaient partis pour une excursion de pêche. Le propriétaire du navire essaya alors d’engager l’équipage du port d’Ega à conti-