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CHAPITRE VIII
Marian perdue ou morte. — Renseignements sur la caravane. — Les Big-Timbers. — Les hommes à la brouette.


Quand ils furent revenus à Swampville, ils se consultèrent sur le moyen d’avoir de l’argent comptant afin de pouvoir s’équiper pour leur excursion dans les prairies.

Le colonel Blount, auquel Édouard Warfield avait écrit, était un ami dévoué, et les tira d’affaire ; le troisième jour de leur retour à Swampville, le capitaine reçut une excellente lettre de lui, accompagnée d’une somme assez forte pour permettre de traverser le continent tout entier.

La question de finance étant résolue, les deux jeunes gens n’eurent plus qu’à attendre la lettre promise par Lilian.

Ils endurèrent six jours d’attente, six jours de doutes et de craintes.

Le septième jour fut un jour de joie. Quand les deux amis se présentèrent au bureau de poste, l’employé donna au chasseur une lettre dont l’adresse seule le fit s’écrier :

« Enfin, la voilà !

Les deux amis sortirent et, avant même d’avoir décacheté la lettre, ils savaient dans quelle direction ils devaient poursuivre les fugitifs, car le timbre postal imprimé sur l’enveloppe portait le nom de la ville et de la province où Lilian avait écrit à son cousin : « Van Buren, Arkansas. » Ils rentrèrent vite à l’hôtel, s’enfermèrent dans la chambre du capitaine, et cette fois ce fut Franck Wingrove qui lut à haute voix la lettre suivante :

« Mon cher Franck,

« J’espère que vous avez eu la lettre que je vous ai écrite, bien à la hâte, au moment de quitter la clairière, et je profite de notre arrêt dans une grande ville pour vous donner de mes nouvelles et vous apprendre ce que j’ai pu savoir, hélas ! sur notre pauvre Marian ; mais je veux d’abord vous raconter notre voyage, parce qu’il s’y est présenté un incident qui m’a inquiétée.

« Nous sommes partis en canot, et mes deux compagnons ramaient jour et nuit comme s’ils étaient pressés de s’éloigner de notre chère clairière.

« Je sais maintenant que nous allons en Californie, dans ce pays où l’on trouve de l’or ; mais je n’oublierai jamais notre chère province de Tennessee, et mon grand chagrin est de ne pouvoir encore vous dire où vous pouvez m’adresser votre réponse, car j’ignore s’il y a des villes ou des settlements dans le pays où nous allons et si la poste y vient. Quand je serai mieux informée, je vous le ferai savoir, et je vous prie bien, mon cher Franck, de ne pas me faire attendre alors de vos nouvelles. Vous n’oublierez pas de me dire si vous êtes lié avec M. Édouard Warfield, s’il soigne bien la clairière et s’il est heureux. J’espère que vous ne trouverez pas mauvais que je m’intéresse à ce monsieur, qui a été si bon pour votre petite Lilly.

« Nous sommes arrivés ici d’hier seulement. C’est une grande ville sur la rivière Arkansas. C’est en bateau à vapeur que nous sommes venus. De là nous devons voyager en chariots avec beaucoup d’autres gens. On appelle cela une « caravane ». On dit que nous serons plusieurs mois en route.

« Maintenant, mon cousin, j’ai retardé autant que je l’ai pu la nécessité de vous causer de la peine en vous parlant de Marian, mais vous m’en voudriez si je ne vous disais rien d’elle, et il faut bien que quelqu’un au monde