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chacun de nous a la mission de faire rejaillir ce bonheur sur tout ce qui l’entoure. Vienne donc Cubissa, il nous sera d’un grand aide. Il approuvera tous les changements que nous avons faits pour l’amélioration du sort de nos pauvres noirs : l’école fondée pour eux, leurs enfants soignés par vous dans l’amour, plus encore que dans la crainte de Dieu, tous ces êtres traités enfin comme des créatures humaines, avec dignité et douceur. Lui-même agira dans le même sens au penn Jessuron. Notre exemple et le sien auront des imitateurs ; le bien a sa contagion comme le mal. Le progrès est lent partout, je ne l’ignore pas, mais s’il avance d’un pied prudent, il ne recule jamais. La Jamaïque verra des jours prospères, les crimes diminueront avec l’ignorance, et un jour viendra où ce beau pays aura vraiment le droit de reprendre son ancien nom et de s’appeler l’Heureuse Vallée ! Si nous avons été pour quelque chose dans sa transformation, chère Kate, nous auront payé la dette de notre bonheur. Notre conscience satisfaite nous mènera à une vieillesse tranquille.

— Cher Herbert, dit Kate attendrie, que mon cœur m’avait bien guidé quand, dès la première heure, il m’avait poussée vers vous. Qu’il fait bon d’entendre de bonnes et nobles choses dites par une bouche aimée, d’être fière de celui qu’on avait choisi. Que mon père n’est-il là ? Il était né juste et bon, mon ami, ce qu’il a été pour ma pauvre mère et pour moi, ne vous le prouve-t-il pas. Vivant au milieu des méchants, dans un pays où régnaient des idées fausses, il avait su réagir en ce qui nous concernait. Éclairé, vaincu par vous, il eût fini par redevenir lui-même, et, à son tour, il eût été fier de celui qu’il avait méconnu.

— Respectons sa mémoire, dit Herbert ; les institutions sont souvent plus coupables que les hommes des fautes qu’elles autorisent. »

FIN DES PLANTEURS DE LA JAMAÏQUE