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La femme s’arrêta tout à coup, regarda autour d’elle pour s’orienter. ( Page 43.)


l’unanimité des suffrages fut-elle toute contre Chakra.

Il s’éleva une rumeur dans le public ; on prétendit que Loftus Vaughan était animé dans cette affaire de sentiments moins avouables que ceux qu’il affectait. On se répéta d’oreille à oreille que Chakra connaissait certains secrets de famille, et qu’il avait participé à certaines transactions dont Loftus Vaughan ne pouvait sans danger laisser vivre le dépositaire ; c’était là, disait-on, le véritable crime du myal-man.

Que ces suppositions fussent ou non fondées, Chakra fut condamné à mort. Le mode d’exécution de la peine fut aussi extraordinaire que le procès. Le criminel devait être abandonné et enchaîné sur le sommet du Jumbé-roc, comme un moderne Prométhée, au lieu d’être pendu ou brûlé, ainsi que c’était l’usage en pareil cas.

Le choix de ce bizarre mode d’expiation fut fait afin de servir d’exemple, de frapper l’imagination des nègres et d’effrayer les sectaires de la détestable superstition de l’Obi. Le Jumbé-roc était propre au but proposé ; les terreurs attachées à ce lieu, ajoutées à celle que devait inspirer l’exécution dont il allait être le théâtre, pouvaient produire une impression profonde sur l’âme des initiés.

On ne plaça pas de gardes autour du condamné sur le pic funèbre, toute tentative pour le sauver étant jugée impossible. En peu de