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Le karl-kop tenant bien haut en l’air le crocodile. (Page 76.)


retraite des eaux. Mais les Vee-Boërs n’étaient pas gens à se payer d’une illusion semblable.

« Des crocodiles ! cria le baas qui dirigeait le premier radeau.

— Quelle étonnante agglomération ! fit Karl de Moor. Jamais de ma vie je n’ai vu un clan si nombreux de compagnons malfaisants.

— Quelle raison a pu les rassembler sur un si petit espace, où ils se nuisent les uns aux autres au point de vue de la nourriture ? » ajouta Smutz, le guide.

Cette assemblée de crocodiles était en effet une chose étrange.

Tout le long de la route, les émigrants en avaient rencontré se chauffant au soleil, seuls parfois ou en groupes de trois ou quatre au plus, tandis que les rives du lac étaient littéralement noires de crocodiles.

Ces amphibies, les plus répugnants entre les ennemis de l’homme, se tenaient là dans toutes les attitudes imaginables. Leur taille variait de dix à vingt-quatre pieds de long, et le corps des plus gros était aussi large qu’un tonneau de dimensions moyennes.

Les uns étaient étendus tout de leur long ; les autres, la tête dressée, ouvraient leur horrible gueule, garnie de cette double rangée de dents aiguës, appareil nécessaire à la voracité de ces monstres ; d’autres afin dressaient leur queue en l’air ou décrivaient une courbe avec leur corps.

Pas un d’eux ne bougeait. Le seul mouve-